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Kyle Alden Martens | Spun Through the Heel | ....25 apr – 1 june, 2024.. 25 avr – 1 juin 2024....

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Kyle Alden Martens’ first solo exhibition with Patel Brown presents a boudoir of seductive forms and textures that rub up against one another in a gentle orgy of frottage. With a queer-tinted sense of artifice, Martens works intimately with leather, silk, wood, jewellery, and other materials. His work speaks to the perennial quest to “fit in” and the universal desire to find a place – metaphorical and literal – for oneself. But as much as we seek comfort and acceptance, we also have the libidinal urge to stand out or stand apart, to shock. For Martens, sometimes a chair is just a chair and sometimes it is a jewellery box – sometimes it is both or neither. Keys allow access to new spaces and, with them, new possibilities, while purses contain and protect what is inside, not unlike our own bodies. Here, in Spun Through the Heel, we see a suit embedded with rolled-up belts become a bedazzled headboard for a bed.

As Martens mellifluously recounted the making of each work – a fabric pulled over a sculptural form; silk twisted into rope; slip-on shoes with marbles and glass watch-faces embedded in the walnut soles, I thought of Hans Christian Andersen’s fairy tale “The Princess and the Pea.” The princess proves her royal standing by feeling the presence of a single pea under twenty mattresses and twenty eider-down beds. It is an irritant that cannot be assuaged, keeping her up all night, but it confirms her authenticity for, “Nobody but a real princess could be as sensitive as that.” 

Martens’ manipulations of scale in his sculpture implicate our own bodily awareness and self-image: ring sizers slipped into ropes invite trying on: rings cannot be too small nor too large but rather must be just right. This nagging question of “fit” wittily animates the exhibition: tall and short, narrow and wide, high and low – what goes with what, what goes on top of what, what goes inside what. If the string of tiny gloves suggests a Franz Erhard Walther piece for dolls, the obscenely oversize gloves boast the erotic excess and femme-top glamour of thigh-high boots, except these would extend far beyond the shoulder and are cheekily split along the sides. The recurring motif of human hands in his oeuvre echoes Martens’ own intensive – yet somehow both gentle and sly – handiwork performed to bring his sculptures to life. While he always works with great precision and exacting care, here he experiments with looser gestures: stray threads, unfixed bows, perhaps even the tinkling of falling rings. Surrealism loves its fetish objects but this is far more friendly than the fetishist’s amour fou. I ask myself, what are the boundaries or rather the slippery overlaps among aesthetics, utility and play, and what does it mean to look – and not just touch – against the grain?

— Jon Davies

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Dans le cadre de sa première exposition solo à Patel Brown, Kyle Alden Martens présente un boudoir de formes et de textures séduisantes qui se frottent les unes aux autres, s’adonnant ainsi à une douce orgie. Selon un sens de l’artifice teinté de l’influence queer, Martens travaille intimement avec des matières comme le cuir, la soie, le bois et les bijoux. Sa pratique témoigne de notre envie perpétuelle de « s’intégrer » et du désir universel de trouver une place – métaphorique et littérale – pour soi. Mais autant nous sommes en quête de réconfort et d’acceptation, autant nous ressentons le besoin libidinal de nous démarquer, de choquer. Martens perçoit une chaise tantôt comme une simple chaise, tantôt comme une boîte à bijoux. Parfois, elle est les deux à la fois ou encore, ni l’une ni l’autre. Des clés permettent d’accéder à de nouveaux espaces et, ainsi, à de nouvelles possibilités, tandis que des sacs à main contiennent et protègent ce qui se trouve à l’intérieur, un peu comme notre propre corps. Dans Spun Through the Heel, un complet dans lequel sont encastrées des ceintures enroulées devient une tête de lit ornementée.

Alors que Martens discutait tranquillement de la réalisation de chacune de ses œuvres – un tissu tendu sur une forme sculpturale, de la soie enroulée en corde ainsi que des chaussures à enfiler ornées de billes, dont les semelles en noyer sont incrustées de glaces de montres, – cela m’a rappelé le conte de Hans Christian Andersen, La princesse au petit pois. Dans ce conte, la protagoniste prouve son statut royal en ressentant la présence d’un seul pois enfoui sous vingt matelas et vingt édredons. Il s’agit pour elle d’un irritant ne pouvant être apaisé, la gardant éveillée toute la nuit. Cela confirme son authenticité, car « personne, à part une vraie princesse, ne peut être aussi sensible. »

La façon dont Martens manipule avec les échelles dans ses sculptures renvoie à notre propre conscience corporelle et à notre image de soi. Un baguier inséré dans des cordes invite à l’essayer : les anneaux ne peuvent être ni trop petits ni trop grands, mais doivent plutôt être parfaits. Le concept récurrent de « trouver sa place » est persistant dans les différentes œuvres de l’exposition, imagée par les contrastes grand et court, étroit et large, haut et bas, ainsi que par les questions suivantes : quels éléments vont ensemble, qu’est-ce qui est placé au-dessus de quoi, et que doit-on placer à l’intérieur de quoi? Si la chaîne de minuscules gants suggère une œuvre pour poupées de Franz Erhard Walther, les gants obscènement surdimensionnés suggèrent l’excès érotique et la puissance féminine des bottes cuissardes. Ils s’étendent toutefois bien au-delà de l’épaule et sont fendus de manière coquine sur les côtés. Le motif récurrent des mains humaines dans l’œuvre fait écho au travail manuel intensif – mais aussi doux et sournois, en quelque sorte – que réalise Martens pour donner vie à ses sculptures. S’il s’exécute toujours avec une précision exemplaire et avec le plus grand souci du détail, il expérimente ici en posant des gestes plus négligés, laissant paraître des fils décousus, des nœuds mal fixés et possiblement le tintement d’anneaux qui tombent. Le surréalisme fétichise ses objets, mais ici, nous sommes plutôt dans un registre plus tendre que celui de l’amour fou fétichiste. Je me questionne quelles sont les frontières, ou les superpositions glissantes entre l’esthétique, l’utilité et le jeu. Comment regarder – et non seulement toucher – à contre-courant?

– Jon Davies (traduction par Marie-France Thibault)

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Kyle Alden Martens is an interdisciplinary artist based in Montréal. He graduated from the Nova Scotia College of Art and Design University in 2015 with a BFA in Intermedia. He is a recent MFA graduate in sculpture at Concordia University and were supported by the Dale and Nick Tedeschi Arts Fellowship, the Joseph-Armand Bombardier Canada Graduate Scholarship (SSHRC), and the Fonds de Recherche du Québec - Société et culture (FRQSC). Throughout Martens practice whispers of touch and tension are hinted at in referential forms like gloves, marbles, knots, and reflexology diagrams. Clothing serves as an allusion, throughout his practice, to fitting and fitting in. In some cases, objects nest perfectly into places designed with care and attention to accommodate them. In others, fitting is more theoretical, calling into question how queer bodies take up space. Each series presents a cohort of friendly and fetishized objects, installations, performances, and videos—seductive yet unruly, softly rebellious. Martens is a current laureate of the Claudine and Stephen Bronfman Fellowship in Contemporary Art.

Among others, Martens has exhibited with Circa Art Actuel, Leonard & Bina Ellen Art Gallery and Pangée in Montréal, AXENÉO7 in Gatineau, as well as the Khyber Centre for the Arts in Halifax. His exhibition PORTABLE CLOSETS, has been shown nationally at Stride Gallery, Centre CLARK, and Eastern Edge Gallery. His practice is currently supported by a Canada Council for the Arts creation grant where he is investigating sites of storage to find alternative metaphors for the proverbial closet.


Jon Davies
 is a Montreal-born curator and writer. He holds a PhD in Art History from Stanford University, where he wrote the dissertation “The Fountain: Art, Sex and Queer Pedagogy in San Francisco, 1945–95.” He was Assistant Curator at The Power Plant Contemporary Art Gallery in Toronto from 2008–12 and Associate Curator at Oakville Galleries from 2012–15. His writing on art and cinema has appeared in numerous periodicals and catalogues, and his anthology More Voice-Over: Colin Campbell Writings was published by Concordia University Press in 2021. In 2023, he co-curated the 68th Flaherty Film Seminar, Queer World-Mending, with Steve Reinke. ..

Kyle Alden Martens est un artiste interdisciplinaire qui habite à Montréal. Il est diplômé du Nova Scotia College of Art and Design University, où il a obtenu un baccalauréat en intermédias au cours de l’anneé 2015. De plus, il a récemment réalisé une maîtrise en sculpture à l’Université Concordia. Alden Martens a reçu la bourse d’études Dale and Nick Tedeschi, la bourse d’études supérieures du Canada Joseph-Armand Bombardier (CRSH) et une bourse du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC). En 2023, Martens avait reçu la prestigieuse bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain. Dans le cadre de sa pratique, il évoque subtilement le toucher et la tension qu’il évoque sous des formes référentielles, telles que des gants, des billes, des nœuds et des diagrammes de réflexologie. Les pièces vestimentaires, souvent intégrées à ses œuvres, font allusion à l’essayage et au désir de rentrer dans le moule. Dans certains cas, les objets s’emboîtent parfaitement dans des endroits conçus avec soin pour les accueillir. Dans d’autres, l’ajustement est plus théorique, remettant en question la façon dont les corps queer occupent l’espace. Chaque série présente une cohorte d’objets, d’installations, de performances et de vidéos invitants et fétichistes, séduisants mais indisciplinés, puis légèrement provocateurs. Martens est actuellement lauréate de la bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain.

Entre autres, Martens a exposé à Circa Art Actuel, à la Leonard & Bina Ellen Art Gallery et à Pangée (Montréal), à AXENÉO7 (Gatineau) ainsi qu’au Khyber Centre for the Arts (Halifax). Son exposition PORTABLE CLOSETS a été présentée à l’échelle nationale à Stride Gallery, au Centre CLARK et à Eastern Edge Gallery. Sa pratique est actuellement soutenue par une bourse de création du Conseil des arts du Canada, où il étudie des lieux d’entreposage afin de trouver des métaphores alternatives au placard proverbial.


Jon Davies est un commissaire et écrivain né à Montréal. Il est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de l’Université de Stanford, où il a rédigé la thèse The Fountain: Art, Sex and Queer Pedagogy in San Francisco, 1945-1995. Il a été commissaire adjoint à la Power Plant Contemporary Art Gallery de Toronto de 2008 à 2012 et commissaire associé aux Oakville Galleries de 2012 à 2015. Ses écrits sur l’art et le cinéma sont parus dans de nombreux périodiques et catalogues, et son anthologie More Voice-Over: Colin Campbell Writings a été publiée par la Concordia University Press en 2021. En 2023, il a co-organisé le 68e Flaherty Film Seminar, Queer World-Mending, en collaboration avec Steve Reinke.

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....The artist would like to acknowledge the support of the Canada Council for the Arts as well as the Claudine and Stephen Bronfman Fellowship in Contemporary Art. .. L'artiste souhaite remercier le soutien du Conseil des arts du Canada et la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain. ….